La thèse porte sur les effets de la mobilisation précoce des patients admis en réanimation pour hémorragie sous-arachnoïdienne. Mon travail s’articule autour de trois axes principaux : une enquête nationale sur les pratiques, une revue systématique et une étude observationnelle prospective multicentrique. Des études monocentriques complèteront ce travail.
Sujet de thèse : Effets de la mobilisation précoce des patients admis en réanimation pour hémorragie sous-arachnoïdienne
Résumé :
L’hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA) représente environ 5% des accidents vasculaires cérébraux. Les patients atteints d’HSA sont admis en réanimation pour leur prise en charge et la surveillance d’éventuelles complications, tels que le vasospasme artériel cérébral, pouvant aggraver leur état neurologique. Comme tous les patients hospitalisés en réanimation, ils sont susceptibles de développer des complications liées au décubitus prolongé qui peuvent être cardiovasculaires, respiratoires, musculosquelettiques, cutanées, vésico-sphinctériennes ou encore psychosociales.
La mobilisation précoce des patients de réanimation a entre autres pour objectifs de prévenir ces complications, d’améliorer l’indépendance fonctionnelle et la qualité de vie des patients. Si la littérature décrit largement les bénéfices de la mobilisation précoce chez les patients de réanimation, peu d’études ont porté sur la mobilisation des patients atteints d’HSA. Bien souvent, la crainte de modifier les débits sanguins cérébraux lors de la mobilisation, et ainsi d’entraîner des complications neurologiques favorise l’alitement de ces patients.
Pourtant, il n’y a pas à ce jour de preuves que cela soit nécessaire, et plusieurs études observationnelles ou contrôlées non randomisées suggèrent que des protocoles de mobilisation précoce peuvent être mis en place de façon sécuritaire et être bénéfiques pour les patients atteints d’HSA. En 2023, les nouvelles recommandations de l’American Heart Association/American Stroke Association préconisent la mise en place d’un protocole de mobilisation précoce pour améliorer le pronostic fonctionnel de ces patients. Dans notre travail, nous nous sommes interrogés sur la sécurité de la mobilisation précoce de ces patients, et son impact sur le pronostic fonctionnel.
Pour y répondre, nous avons réalisé une étude rétrospective investiguant le lien entre mobilisation hors-du-lit précoce et indépendance fonctionnelle à trois mois. Nos résultats suggèrent que la mobilisation hors-du-lit précoce est associée favorablement à l’indépendance fonctionnelle à trois mois, et n’est pas associée à une augmentation du risque de vasospasme artériel cérébral. Puis, nous avons réalisé une enquête nationale portant sur les pratiques de mobilisation des services prenant en charge les patients atteints d’HSA, et les obstacles potentiels limitant la mobilisation. Nous avons montré une forte hétérogénéité des pratiques, associée à l’absence de protocole de mobilisation dans 90% des services interrogés. Nous avons ensuite procédé à une revue systématique avec méta-analyse concernant la mobilisation des patients atteints d’une HSA, ses modalités, son efficacité et sa sécurité. Cette revue met en évidence une grande hétérogénéité dans les modalités de mobilisation évaluées. Malgré cela, la mobilisation précoce n’est pas associée à une augmentation de la fréquence des événements indésirables et elle est susceptible d’améliorer le pronostic fonctionnel des patients.
Ces différents travaux nous ont permis de montrer que les pratiques de mobilisation des patients atteints d’HSA sont hétérogènes et qu’il n’existe à ce jour aucun consensus concernant les modalités optimales de mobilisation. Il semblerait cependant que la mise en place d’un protocole de mobilisation précoce soit sécuritaire et soit associée à une amélioration du statut fonctionnel de ces patients. Un essai contrôlé randomisé est nécessaire pour confirmer ces résultats et définir les modalités optimales de mobilisation des patients atteints d’HSA.
Mots clés : mobilisation précoce, hémorragie sous-arachnoïdienne, réanimation, kinésithérapie, vasospasme, pronostic fonctionnel
Jury composé de :
Claire DAHYOT-FIZELIER, PU-PH, Université de Poitiers, Rapportrice
Anne LEJAY, PU-PH, Université de Strasbourg, Rapportrice
Cheryl HICKMANN, Docteur en Sciences de la motricité, Haute École Provinciale du Hainaut Condorcet, Belgique, Examinatrice
Arnaud DELAFONTAINE, Docteur en Sciences de la motricité, HDR, Université Paris Saclay, Examinateur
Pierre-François PERRIGAULT, PU-PH, Université de Montpellier, Examinateur
Benjamin CHOUSTERMAN, PU-PH, Université Paris Cité, Directeur de thèse
Damien VITIELLO, MCF-HDR, Université Paris Cité, Directeur de thèse