Dynamiques corporelles et santé durable

L’objectif transversal de l’axe 1 est de développer les connaissances sur les activités physiques d’un point de vue bio-psycho-social afin de questionner, de comprendre, d’améliorer et de préserver la santé. Notamment, il s’agit de révéler les changements et adaptations cardiovasculaires, métaboliques et cérébraux d’un individu soumis à une activité physique adaptée régulière, à un entraînement ou à un milieu spécifique, et de tenter de questionner les interdépendances entre les spécificités de l’environnement (physique et/ou social/naturel), la perception du sujet et l’activité physiologique.

Le premier volet de l’axe 1 examine l’impact de différents types d’entraînements et d’activités physiques adaptées sur la santé, dans des populations variées (adultes, seniors, avec un handicap, athlètes, avec pathologies chroniques, avec déficiences, étudiant(e)s, enfants…). Les effets seront évalués par des mesures physiologiques cardiovasculaires, métaboliques, respiratoires, musculaires et cérébrales afin de mieux comprendre l’influence de l’activité physique sur les grands systèmes et d’individualiser la prescription d’exercice.

Le second volet de l’axe 1 cherche à analyser la perception de l’effort, du risque ou de l’environnement (le corps vécu) dans différentes formes d’activités physiques en mobilisant des indicateurs sensoriels. Nous visons à mettre en relation cette perception subjective avec des variables physiologiques afin de mettre en évidence les capacités émersives du corps (le corps vivant ou capacitaire).  L’ambition est de permettre aux personnes de mieux connaître leurs corps et d’être à l’écoute de leurs sensations, afin de gérer au mieux l’engagement dans des formes d’activités et de participations corporelles adaptées à des fins de stabilisation ou d’amélioration de la santé mentale, psychologique et physique. En toile de fond, l’objectif associé est l’étude de la régulation du corps vivant par l’auto-santé dans une perspective de thérapies non-médicamenteuses. 

Le troisième volet de l’axe est résolument écologique, cherche à mieux circonscrire les mécanismes de la créativité à l’œuvre dans différents environnements physiques et sociaux ludocorporels. La créativité est reconnue comme un attribut essentiel de l’espèce humaine. À ce titre, l’acte créatif peut être vecteur de bien-être physique, psychologique et relationnel et se veut de facto attaché à la notion de santé. Les pratiques corporelles sont de formidables laboratoires in vivo pour interroger l’exercice de la créativité. Ce volet de l’axe 1 se propose de décrire et de mieux comprendre les mécanismes de la créativité dans les activités corporelles à visée éducative, sanitaire ou de performance.

In fine, un quatrième volet cherche à analyser les relations étroites qui se tissent entre le monde sportif et certaines dimensions sociales de la santé telles que l’intégration, l’acceptation, la contribution, l’épanouissement et la cohésion sociale. Autrement dit, ce volet invite à étudier la manière dont le phénomène sportif peut contribuer à favoriser ou à freiner les conditions de réalisation du bien-être social des individus. Ainsi, l’un des enjeux majeurs sera de saisir les conséquences que peuvent avoir notamment le sport et ses représentations, mais aussi ses formes de médiatisation, sur certaines populations socialement vulnérables. Les rapports sociaux de classe, de genre et de race constitueront donc ici des pistes d’analyse fortes pour explorer au mieux cette relation santé sociale et sport – entendu ici dans sa définition la plus large.

Aspects fondamentaux

1. Comment l’activité physique adaptée, l’activité physique régulière et l’entraînement sportif influencent-t-ils les différents versants de la santé durable (physiologique, physique, psychologique et social/relationnel) ?
2. Quelles sont les pratiques ludomotrices, les types d’entraînements ou d’exercices qui permettent de modifier l’état de santé durable et de développer l’auto-santé ?
3. Quels sont les freins et les leviers à la pratique de l’activité physique adaptée / régulière chez les patients présentant des maladies chroniques ou des déficiences ?
4. Quels sont les marqueurs physiologiques et neurophysiologiques de l’interaction avec l’environnement lors de tâches sensorimotrices?
5. Comment se dessinent les liens entre la coordination interactive en contexte expérimental et virtuel afin de favoriser les capacités de synchronisation ?
6. Quels sont les liens qui se tissent entre le corps vivant et le corps vécu au sein des pratiques corporelles ?
7. De quelles manières s’articulent les dimensions cognitive, conative, émotionnelle et environnementale de la créativité et comment ces articulations, selon les jeux et les sports, modifient-elles l’état de santé durable ?
8. Quels sont les freins institutionnels à l’émergence de nouvelles modalités de pratiques favorisant une santé durable ?
9. Comment les populations socialement vulnérables, disqualifiées par leur jeune âge, leurs origines sociales et ethniques, et leur lieu d’habitation, s’approprient-elles les cultures sportives et quelles significations ces dernières ont-elles pour elles ?
10. Quels sont les freins et les leviers à cette santé sociale ? Comment les facteurs sociaux, culturels, de classe, de “race” et de genre influencent-ils le rapport à la santé sociale des populations les plus vulnérables ?
11. En quoi et comment le contact avec l’environnement naturel peut-il être le support de soins et d’améliorations de la santé physique et mentale.

Aspects appliqués

1. Développer et évaluer de nouvelles interventions non médicamenteuses (INM), reposant sur l’entraînement sportif, l’activité physique régulière et l’APA, afin d’optimiser les adaptations physiologiques et fonctionnelles et d’améliorer durablement la santé des sportifs mais aussi des personnes atteintes de maladies chroniques, vivant avec un handicap ou une déficience.
2. Déterminer les paramètres physiologiques permettant de préciser les notions de répondeur / non-répondeur à l’entraînement et de personnaliser les protocoles d’entraînement afin d’améliorer la qualité de vie et la santé des personnes (patients avec maladie chronique, problèmes psychologiques, déficience, handicap ou sujets sains) ;
3. Créer et tester des outils d’entraînement pour favoriser le développement sensorimoteur et cognitif .
4. Utiliser la coordination interactive  pour  favoriser les capacités de synchronisation sensorimotrice;
5. Développer et évaluer la prise de conscience des écarts entre corps vivant et corps vécu pour créer les conditions d’une santé durable auprès de différents publics ;
6. Affiner les indicateurs de créativité motrice et de bien-être psychologique et relationnel en situation écologique pour les évaluer ;
7. Développer les recherches sur la propulsion immersive (5ème nage) et l’apnée et évaluer leurs liens avec la santé durable ;
8. Évaluer le bien-être subjectif au contact de la nature maritime (espaces bleus) pour les personnes ayant des incapacités, afin de comprendre l’impact des écothérapies sur leur qualité de vie et d’identifier des leviers thérapeutiques. 
9. Déterminer à quel point les appartenances ethniques et les identifications racialisées des individus les plus vulnérables conditionnent leurs rapports aux pratiques sportives.
10. Travailler auprès des populations les plus fragiles sur leur conscientisation et leurs représentations de la « race », de la classe et du genre afin qu’elles puissent se créer leur propre grille de lecture des vulnérabilités.
11. Élaborer des outils standardisés permettant de mesurer les états de bien-être vécu en 1er personne, adaptés aux patients communicants et non-communicants verbalement.